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Laurent Pruvost (In’tech Medical) usine son avenir à l’international

Il est le lauréat 2019 du Prix de l'entrepreneur* de l'année pour la région Nord de France.

L'aventure d'In'Tech Medical est tout sauf commune. Elle s'apparente même à une résilience exceptionnelle. C'est d'abord l'histoire d'une fermeture d'usine à Rang-du-Fliers, à quelques kilomètres du Touquet, en 1999. Le groupe Sofamor-Danek ferme alors son unité d'instrumentation médicale et supprime les 120 emplois existants.

Mais deux de ses cadres, Jean-Luc Malpiece et Alain Degrave, sûrs de l'existence d'un besoin du marché dans l'instrumentation de chirurgie rachidienne, chirurgicale orthopédique, recréent sur place une structure avec 17 salariés. L'un des deux associés est en fauteuil suite à un accident, ce qui n'empêche pas le binôme de monter rapidement en régime, y compris à l'international.

Jusqu'en 2012, In'Tech Medical poursuit une croissance essentiellement interne et sur fonds propres. Laurent Pruvost, directeur commercial, succède alors aux deux associés historiques, dans le cadre d'un LBO adossé à deux fonds, TCR Capital et Arkea. Entre temps, les fonds initiaux ont laissé la place en  juillet 2017 à Eurazeo PME et Andera Partners, qui contrôlent 80 % des parts aux côtés du dirigeant et de 50 managers.

Fusions-acquisitions à l'international

Laurent Pruvost a transformé la PME de 150 salariés pour 25 millions d'euros de chiffre d'affaires en entreprise de taille intermédiaire. In'Tech Medical est devenu le leader européen et le numéro trois mondial de son secteur, avec 830 salariés et 110 millions d'euros de ventes attendues en 2019, dont 70 % outre-Atlantique, et 450.000 produits vendus chaque année. Et Laurent Pruvost vise les 200 millions d'euros dans les cinq ans.

Depuis 2012, les acquisitions se sont enchaînées :  l'intégration de Turner Medical , aux Etats-Unis, en 2015, propulse le groupe sur le plus gros marché mondial. Cette activité, qui pesait alors 19 millions de dollars, a doublé depuis. In'Tech Medical reprend ensuite un sous-traitant malaisien, puis une entreprise de Meaux, Pixydis, spécialisée dans les boîtes de stérilisation, puis encore un nouvel américain, Bradshaw, en mai 2018, important fabricant de manches en silicone pour les instruments orthopédiques.

Nouvelle usine à Rang-du-Fliers

In'Tech Medical, concentré sur le seul rachis à ses débuts, s'est beaucoup diversifié qu'il s'agisse d'instrumentation pour la chirurgie des hanches, de l'épaule, des genoux ou des chevilles. Le groupe reste porté par une dynamique très solide. Quand le marché lui même progresse de 5 à 7 % par an, le Nordiste enregistre une expansion de 10 % hors acquisitions. Cette bonne santé est alimentée également par un choix assumé d'être plus qu'un sous-traitant, avec un investissement élevé en recherche et développement et en équipements, soit 10 millions par an. Le groupe compte démarrer une  production en impression 3D aux Etats-Unis, et l'importer en France si les résultats sont concluants. « In'Tech Medical, c'est le Valeo de l'orthopédie ! », sourit Laurent Pruvost, qui annonce aussi travailler sur des instruments connectés. « On est les premiers au monde à proposer ça ».

Pour faire face à son développement, In'Tech avait du suspendre son projet de nouvelle usine à Rang-du-Fliers (Pas-de-Calais). Celui-ci est désormais remis en selle, sur plus de 6.000 m2, pour une ouverture d'ici à deux ans et demi. L'investissement atteint quelque 10 millions d'euros. De quoi pérenniser à long terme l'implantation historique, quel que soit l'avenir capitalistique du groupe et se protéger de tout nouvel épisode de type Sofamor.

*Le prix de l'entrepreneur de l'année est organisé par EY, en partenariat avec HSBC, Verlingue, Steelcase et bpifrance.